Le Cloud, un catalyseur de la transformation digitale ?

Le Cloud, un catalyseur de la transformation digitale ?

Auteur : Yann Verlynde - Date de publication : janvier 23, 2017

[chapo]Annoncé comme une révolution depuis plusieurs années par la presse spécialisée, le Cloud a atteint aujourd’hui une maturité et une légitimité suffisante. Dans l’étude « The 2016 Cloud Computing Tipping Point » menée par ServiceNow, Christophe Bouchardeau (VP France chez ServiceNow) affirme qu’en « plaçant le Cloud au centre de leurs priorités, les entreprises se dotent des meilleurs atouts pour conjuguer l’agilité, la vélocité et l’évolutivité nécessaires pour innover dans le contexte concurrentiel où elles évoluent aujourd’hui ». Le ton est donné, le Cloud serait un vecteur d’agilité et d’innovation pour les entreprises engagées dans la course au Digital ! Quels sont les freins et les bénéfices de l’adoption d’une stratégie Cloud ? Pourquoi et comment le Cloud contribue-t-il in fine à accélérer la transformation digitale ?[/chapo]

Quels freins et bénéfices à l’adoption d’une stratégie Cloud ?

Lors du Gartner Symposium « Infrastructure, Operations and Data Center Summit » de Londres des 28 au 29 novembre 2016, l’analyste Bob Gill (Research Director) a présenté l’état du marché mondial : 20% des entreprises ne comprennent pas encore les avantages du Cloud et sont en opposition totale. Pour IDC, le Cloud serait l’un des 4 piliers de la transformation digitale (Cloud, Big Data, Mobile et Social). D’ici 4 ans, 67% des budgets IT des entreprises seront alloués à des offres basées sur le Cloud (Source IDC « FutureScape Report »). Pourtant, même si la tendance est à la généralisation, ce fort engouement s’accompagne de freins réels !

Parmi les principaux freins à l’adoption du Cloud, on peut noter :

  • Sécurité et la confidentialité des données:ils concernent principalement le stockage et le transfert des données. Une étude récente du « Cloud Security Alliance (CSA) » a listé les principaux risques concernant la sécurité des données et des applications Cloud : failles de sécurité sur les datacenters, mauvaise gestion des identités et des accès, mise à disposition d’API non sécurisées, vulnérabilités des systèmes d’exploitation, piratage des comptes d’accès, pertes de données, dénis de service, etc…
  • Changement des compétences des équipes techniques : les services informatiques sont souvent mal préparés pour adresser un Système d’Information ouvert sur le Cloud. On observe souvent un blocage des équipes internes. Cela implique un accompagnement au changement plus poussé, la mise en place de communautés de pratiques et une meilleure gestion des compétences via une politique RH adaptée (recrutements spécialisés, formations aux technologies Cloud, etc…)
  • Intégration de données : augmentation de la complexité et des coûts d’intégration entre services Cloud ou entre services Cloud et les systèmes d’informations historiques.
  • Enfermement propriétaire (vendor lock) : peur d’être trop « lié » à un fournisseur lorsqu’une solution manque notamment de portabilité et d’interopérabilité avec un écosystème extérieur.
  • Manque d’alignement de l’IT et des métiers : on observe une dérive vers le « Shadow IT », solution souvent plébiscitée par les directions métiers pour pallier au manque de réactivité et d’innovation des DSI. Les entreprises se retrouvent donc à devoir gérer plusieurs Systèmes d’Information avec des coûts supplémentaires d’intégration, des risques organisationnels et de duplication des données.

En contrepartie, chaque type de Cloud (SaaS, IaaS, PaaS) apporte des « bénéfices » à une population ciblée, en voici quelques-un :

  • Pour le Métier :
    • Amélioration de la collaboration et de la qualité,
    • Adaptation à la mobilité et aux usages digitaux (accessibilité sur tous les types de devices via une connexion internet),
    • Abstraction des contraintes techniques et utilisation des dernières versions des logiciels.
  • Pour les équipes d’infrastructure :
    • Optimisation des coûts via une rationalisation des ressources techniques et une facturation à l’usage,
    • Simplification de l’administration des serveurs,
    • Provisionning dynamique des infrastructures et une allocation dynamique des ressources en fonction de la charge (élasticité),
    • Mise à disposition de solutions informatiques garantissant les accès et une haute disponibilité des services,
    • Mise à disposition de solutions informatiques de déploiement rapide pour une réduction du « time to market »,
    • Mise à disposition rapide d’environnement de travail pour expérimenter et déployer des services innovants (avantages concurrentiels),
    • Rénovation du patrimoine applicatif historique en déployant les applications sur le Cloud (Migration d’applications)
  • Pour les développeurs :
    • Abstraction de l’infrastructure technique,
    • Amélioration de la collaboration et de la qualité avec l’utilisation de solutions d’automatisation des tests et des déploiements,
    • Adaptation à la mobilité et aux usages digitaux (accessibilité sur tous les types de devices via une connexion internet),
    • Gain de productivité.

Le Cloud, un levier pour repositionner la DSI au centre de l’innovation métier ?

Selon le cabinet Gartner, 40 % des entreprises débutent avec le Cloud en tentant de définir une stratégie alors que seulement 10% des entreprises exploitent ses capacités et l’utilise pour innover ! On le sait depuis plusieurs années, le Cloud optimise les coûts et bascule les coûts d’investissement (CAPEX) vers des coûts d’exploitation (OPEX). Mais, il ne se résume pas uniquement à l’optimisation des coûts et des ressources techniques, il apporte surtout l’agilité à la DSI pour accompagner les métiers dans une démarche d’innovation dans un contexte où le « Time To Market » est roi. Le Cloud serait en quelque sorte le Graal de l’agilité et de l’innovation pour une DSI en pleine métamorphose !
Pourtant, pour être efficace, une stratégie Cloud doit être globale et pilotée par la DSI (partenaire technologique des directions métiers). Parce qu’il s’étend au-delà des frontières de l’entreprise, il impacte toute l’organisation et la structure même du Système d’Information. Il convient alors de définir une stratégie globale à toute l’entreprise en adressant l’ensemble des problématiques : sécurité, organisationnel, juridique… En fonction du contexte et surtout des besoins de l’entreprise, le DSI pourra établir une stratégie orientée vers le Cloud Public (plus tournée vers les clients), le Cloud Privé (pour limiter les échanges avec l’écosystème) ou le Cloud Hybride (pour plus de flexibilité d’évolution). En somme, le DSI fixera le cap et des règles d’utilisation pour tirer profit de tous les avantages du Cloud et limiter les dérives et les risques liés de la cyber-sécurité.

Quels usages de déploiement peut-on en attendre ?

La migration d’applications vers le Cloud ! Outre l’externalisation de certaines tâches à « faible valeur ajoutée » (exemple : la gestion de ses architectures à des tiers (IaaS ou PaaS) ou l’exploitation de logiciels SaaS, la Cloudification autorise la DSI à rénover rapidement son patrimoine applicatif. Elle peut ainsi se reconcentrer sur l’innovation, vecteur de différentiation dans un marché hyperconcurrentiel. Pour migrer des applications sur le Cloud, plusieurs stratégies peuvent être envisagées… de la plus simple (demandant peu d’effort et de temps) au redesign complet d’applications « Cloud Natives » (applications qui utilisent l’architecture Cloud).

En somme, autant de modèles de déploiement à considérer en fonction du contexte et des bénéfices recherchés :

  • Rehost : ce modèle appelé aussi « Lift & Shit » est le plus simple, le moins couteux et le plus rapide. Il consiste à déplacer les serveurs vers le Cloud et à voir le Cloud comme un datacenter supplémentaire. Ce modèle peut être utilisé pour la migration en masse d’applications.
  • Refactor : la configuration de l’application est modifiée pour pouvoir l’installer sur l’architecture Cloud (exemple : installation sur un nouvel OS).
  • Rearchitect : l’application est modifiée légèrement sur le même principe que le « Refactor » mais l’architecture sous-jacente est repensée pour utiliser les bénéfices de la nouvelle architecture.
  • Rebuild : l’application est re-designée complètement pour s’adapter aux architectures Cloud (serverless, scalable, design for failure, etc…). Ce modèle demande plus de temps et d’effort mais il apporte aussi le plus de bénéfices en utilisant les meilleurs avantages du Cloud.
  • Replace :l’application existante est remplacée par une application SaaS. Ce modèle demande beaucoup moins d’effort et de temps, mais il faut que la solution du marché réponde aux besoins.

Ainsi, le Cloud serait une aubaine technologique pour répondre au besoin d’agilité et d’innovation des entreprises. D’ici « 2020 une politique No-Cloud sera aussi rare qu’une politique No-Internet aujourd’hui » (Source Jeffrey Mann, VP Recherche chez Gartner). Au-delà des impacts financiers, organisationnels et IT pour les entreprises, le Cloud serait en quelque sorte un catalyseur, un energy boost dans le marathon de la transformation digitale ! Il est grand temps de s’y intéresser de près et d’engager des stratégies d’adoption… A vos marques, prêt, partez !

Yann VERLYNDE – Publié le 23 Janvier 2017