Episode 9 – Agilité autour du monde : Russie

Episode 9 – Agilité autour du monde : Russie

Auteur : Jonathan Gasner - Date de publication : juillet 17, 2017

[chapo]De Shakespear à Pushkin, nous voici maintenant dans le plus grand de tous les pays pour cette nouvelle formation hors de nos frontières : La Russie. Dès notre arrivée, le dépaysement est total. Outre les bâtiments grandioses et les avenues fleuves, vestiges de l’ex-URSS, l’alphabet cyrillique surprend notre œil habitué à l’écriture romane.[/chapo]

Cette nouvelle destination n’est pas pour déplaire à ma binôme des sessions précédentes de PM4IT : Dina Goffinet. Née à Astrakhan et donc d’origine Russe, c’est avec une certaine excitation qu’elle revient sur ses terres. Un plaisir et une joie qu’elle a su communiquer lors de ces trois jours à toutes les personnes qu’elle rencontrait, et a fortiori à notre groupe L’Oreal Moscow.

Son aide fut précieuse lors de cette formation. Certaines notions étant très spécifiques, Dina explicitait les termes les plus complexes et réexpliquait les règles quand les ambiguïtés émergeaient.

Etonnement et volonté

Sans doute des bribes de l’ancienne culture de l’Union soviétique : les russes ont été particulièrement friands de l’approche structurée et des référentiels. Ceux-ci visent à unifier l’ensemble des méthodes de gestion de projet IT des entités de l’Oréal dans le monde. En revanche, imaginez leur désarroi lorsqu’ils ont dû créer un concept de start-up !

Mais il en fallait plus pour déstabiliser nos amis russes. L’intérêt démontré vis-à-vis de l’agilité, de ses valeurs et des outils afférents reflétait leur envie d’apprendre de nouvelles méthodes de travail. Submergés par les questions, nous n’avions jamais dû prendre autant de temps pour expliquer Scrum et son cadre.

Avec le recul des différentes sessions de PM4IT, nous réalisons à quel point les cultures des pays impactent l’accueil fait à notre formation. Et c’est à nous, formateurs, de nous ajuster en temps réel pour délivrer le bon niveau de discours sans déformer le sens profond.  Un enrichissement collaboratif pour l’ensemble des participants mais pour les formateurs également.

Une culture rigoureuse

L’approche très scientifique et structurée de la culture russe s’est tout de suite reflétée lors de l’Ice Breaker d’ouverture. Pour cette séance, nous avons légèrement innové : ce n’est pas un puzzle physique que les participants ont dû construire mais un dessin à retranscrire. Dos à son équipe, le manager doit guider uniquement par la voix ses équipiers pour que ces derniers puissent reproduire le modèle complexe qu’il possède. Aucun feedback ou questions de la part de l’équipe n’est autorisé.

Ce challenge a été résolu sans difficulté mais d’une manière assez étonnante. Les russes ont appliqué une méthode purement et simplement scientifique : Le manager a positionné un référentiel orthonormé sur le dessin, chaque point de croisement du dessin possédait ainsi une abscisse et une ordonnée. Une fois ces points placés, l’équipe n’avait plus qu’à relier ces points, faisant apparaitre le dessin final.

Prendre le temps nécessaire pour construire un cadre, un référentiel et un vocabulaire commun favorisant l’efficacité opérationnelle, c’est l’un des principaux objectifs de PM4IT.

Planning poker

L’autre évènement marquant de cette session fut le planning poker. Cette activité a pour but d’estimer collaborativement la complexité de réalisation des items d’une backlog (user stories, features ou tâches de développement). Cette technique d’estimation conduit rapidement à un consensus, combine les expertises de tous les participants et favorise la communication et la compréhension du périmètre fonctionnel ciblé.

Le procédé est simple, à l’aide de cartes numérotées reposant peu ou prou sur la suite de Fibonacci (0,1/2, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 20, 40, 100), chaque développeur choisit la carte correspondant à l’effort de développement pressenti. Les cartes sont alors révélées simultanément pour éviter toute influence de l’un ou l’autre des participants. Si des divergences apparaissent, le scrum master invite les développeurs ayant choisi la valeur la plus faible et la valeur la plus forte à exprimer leur opinion avant de repartir sur un deuxième tour de vote.Les russes ont particulièrement apprécié cette méthode pouvant également s’appliquer dans de multiples domaines car, outre la finalité de l’exercice, c’est bien l’approche qui est à retenir. L’IT director de cette zone a d’ailleurs rapidement pu faire le lien entre le planning poker et une pratique déjà existante. En effet, parmi les réponses obtenues à leur RFP (Request for Proposal), la proposition la plus élevée et la moins élevée sont invitées à justifier de manière plus détaillée leurs prises de position.

Bilan

Bien qu’il s’agisse de notions parfois étonnantes et nouvelles pour eux, les participants russes ont été agréablement surpris. Bien des étapes seront nécessaires pour tendre vers la mise en place de cycles agiles. Mais l’envie des équipes d’évoluer est bel et bien présente. Et comme dans toute transformation agile, ce facteur constituera indéniablement leur principale clé de succès.

Jonathan GASNER – Publié le 17 Juillet 2017