True Agile ou New Agile ?

True Agile ou New Agile ?

Auteur : François Rivard (CEO et fondateur d'Astrakhan) - Date de publication : octobre 13, 2020

Il y a quelques jours, l’événement Agile en Seine se concluait par une table ronde sur le futur du coaching agile, malmené par la crise sanitaire. Les coaches, agents du changement d’une digitalisation qui se veut agile, sont apparus comme des compétences de confort non indispensables avec la contraction des budgets et nombre d’entre eux sont restés sans emploi depuis le confinement.

Ce paradoxe matérialise les dérives rencontrées dans la période de surchauffe d’avant la pandémie, avec des cabinets surfant sur la vague et proposant à leurs clients, en guise de coaches, des chefs de projet mal dégrossis et ne dépassant pas le niveau de compétences de bons praticiens. On les reconnaît généralement au fait qu’ils n’ont de l’agilité qu’une vague culture et sont persuadés que le prénom de Sutherland est Donald.

Ce constat d’une profession qui s’auto-détruit nous a amenés en début d’année chez Astrakhan à considérer la restauration d’une approche dite « True Agile », qui visait à retourner aux fondamentaux. Cette idée a eu un écho l’été dernier dans une proposition émise sur LinkedIn par certains coaches « historiques » du marché français, évoquant la création d’un organisme de contrôle et de validation des coaches.

Cette approche n’a de sens que pour lutter contre les dérives évoquées sur le marché français. Elle est malheureusement conservatrice et sans avenir. C’est une fausse bonne idée.

Il suffit de regarder en dehors de nos frontières pour s’apercevoir que la communauté agile internationale déborde de vitalité. Elle ne cherche pas à préserver les fondamentaux : elle acte implicitement du fait que, depuis sa création, l’agilité n’a de cesse, comme toutes les disciplines, de se développer et de se renouveler. Ce n’est pas en revenant aux fondamentaux que l’on sauvera le coaching agile. C’est en suivant l’évolution de l’agilité dans le monde.

Quelques exemples :

 •  Shiftup, lancé par Jurgen Appelo, père du Management 3.0 et d’Agility Scale, où Jurgen joue lui-même un rôle volontairement non central (à comparer à l’approche nombriliste de certains gardiens du temple agile français). Dans Shiftup, 6000 praticiens de l’agilité se challengent quotidiennement pour se distribuer des points de qualification qui matérialisent leurs montées en compétence respectives.

 •  Agile People, de Pia-Maria Thoren, facilitatrice Management 3.0 qui s’est lancée dans l’agilité côté RH, via une approche contributive, joyeuse et pleine d’énergie, entourée d’une communauté de facilitateurs du monde entier où les Français brillent par leur absence… et qu’Astrakhan va rejoindre,

 •  Future Of Agile une communauté lancée pour le développement du coaching agile en Afrique,

 •  Business Agility où l’on retrouve d’autres spécialisations de l’agilité, notamment l’une autour des forces de vente portée par la coach Marina Alex.

Ces exemples montrent le dynamisme et l’esprit fédérateur qui règnent actuellement dans la communauté agile mondiale, dont les forces se rejoignent via des Think Tanks internationaux.

Nous avons essayé de décliner cette nouvelle modernité de l’agilité dans une liste de commandements qui résument les pratiques qu’un coach doit, selon nous, intégrer à sa routine en vue d’apporter réellement une valeur ajoutée à ses clients.

Les 10 commandements du coach agile :

1. Faire partie d’un écosystème clairement identifié : l’appartenance à une communauté (Management 3.0, Agile People, Business Agility..) favorise l’échange entre pairs, assure le partage de techniques toujours plus nombreuses et les retours d’expérience sur leur application.

2. Faire preuve de créativité : un coach doit savoir trouver des réponses originales à des problèmes complexes mais parfois répétitifs. Proposer des techniques originales et sans cesse renouvelées est un gage de fraîcheur qui saura maintenir dans la durée l’effet des premiers apports.

3. Multiplier les sources d’inspiration : lire, s’informer, puis tester, confronter, sont les garanties d’un savoir-faire qui évolue avec sa discipline et avec son époque.

4. Accepter la spécialisation : aujourd’hui les coaches se spécialisent dans l’agilité côté Ressources Humaines, côté Forces de Vente, côté Management, dans l’Industrie où les outils de l’agilité sont différents (Change, Lean…), et plus uniquement côté IT.

5. Avoir intégré le télétravail à ses pratiques de coaching : compte tenu des contraintes de l’époque, renouveler les pratiques de coaching en intégrant la distance est une évidence. Demandez aux candidats que vous rencontrez quelles sont les leurs (à noter : Astrakhan a récemment mis à jour sa formation Management 3.0 Better Meetings pour intégrer les spécificités du télétravail).

6. Disposer d’une démarche sur le développement des soft skills : être praticien de l’agilité n’est pas le seul rôle d’un coach agile. Il faut disposer d’une approche permettant de développer les soft skills comme l’écoute, la créativité, l’empathie…

7. Discuter avec différentes catégories d’interlocuteurs : le rôle d’un coach est aussi d’assurer du lien entre les opérationnels, les managers, les décideurs et, d’une manière générale, tous les corps de métier. Cela nécessite une compréhension des rouages d’une entreprise, du respect pour celle-ci et pour sa culture

8. Être un agent du vrai changement : le coach doit intégrer la temporalité dans son approche, elle ne peut pas produire des résultats en profondeur du jour au lendemain. Il faut ainsi savoir rester humble et éviter de s’inscrire dans une approche subversive.

9. Être supervisé : apanage des coaches en leadership ou en développement personnel, la supervision devient indispensable côté coach agile pour éviter les débordements auxquels nous assistons parfois et que nous relatons dans cet article.

10. Ne pas dédaigner l’agilité vue par les grands cabinets : quel que soit ce qu’on en pense, on a toujours à apprendre de la lecture des bilans de McKinsey ou PwC sur les pratiques de l’agilité à l’échelle. Il n’y a pas de lecture honteuse et lorsque l’on n’est pas d’accord, comprendre pourquoi permet de renforcer son identité de coach.